Adresse : route de Chambéry
Lieu de mémoire :
Chaque année, ce lieu de mémoire accueille la commémoration du 8 mai 1945, fin de la Seconde guerre mondiale. En effet, ce mémorial abrite les restes du doyen GOSSE et de son fils, Jean, résistants, arrêtés en décembre 1943. Leurs corps furent retrouvés près du torrent du Manival.
Après de brillantes études de mathématicien à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Paris, René GOSSE a participé aux combats de la guerre de 1914-1918. Blessé et décoré de la Croix de guerre, il en sort déprimé par la perte de nombreux amis mais convaincu que le progrès peut gagner de vitesse la faillite de la société.
Installé en 1921 à Grenoble, comme professeur de mathématiques à la faculté, René GOSSE croit beaucoup à l’alliance de la théorie et de la pratique, « du labo à l’atelier » comme il dit. C’est un précurseur du mouvement qui fait sortir de « leur tour d’ivoire » les grands universitaires pour les faire participer à la révolution scientifique et industrielle. En tant que doyen de la faculté des sciences, il est l’initiateur du spectaculaire développement de l’université grenobloise qui devient, sous son autorité, un pôle scientifique reconnu. Il est membre de nombreux conseils universitaires et représente l’université au Conseil municipal de Grenoble.
Dès le 18 juin 1940, René GOSSE s’engage dans la résistance aux côtés du Général DE GAULLE. En 1941, le gouvernement de Vichy lui retire toutes ses responsabilités. En 1942, il adhère à différents réseaux de la résistance qu’il conseille et aide à se fournir en armes. Le 19 décembre 1943, René GOSSE et son fils, Jean, sont arrêtés. On retrouvera leurs corps le lendemain dans un fossé du quartier du Manival à Saint-Ismier.
En 1944, un mémorial a été édifié dans le four à chaux implanté à proximité. Son épouse, Lucienne, repose également dans ce lieu depuis 1975. Ancienne élève de l’Ecole normale supérieure où elle avait rencontré son futur mari, Lucienne a participé activement à la résistance aux côtés de son mari et de son fils. Elle est l’auteur d’un ouvrage : René Gosse 1883-1943/Chronique d’une vie française, chez Plon, dans lequel elle cite les paroles que lui a adressées son mari lors de l’arrestation de celui-ci à son domicile à La Tronche par la police allemande : « pour le meilleur et pour le pire… ».
Ancien four à chaux et cimenterie :
A l’origine, le bâtiment abritait un four à chaux.
Ordonnance du Roi en date du 7 aout 1836 autorisant la construction du four : … nous avons ordonné et ordonnons : Article 30 - Les sieurs Faure (Joseph et François) demeurant à Saint-Ismier à construire un four à chaux à la charge : 1° de ne le maintenir qu’un an, 2° de ne l’alimenter qu’avec de la houille, 3° de souffrir à toute heure la visite des agents forestiers sans l’assistance d’aucun témoin ni officier public, 4°de le supprimer au premier procès verbal qui interviendrait contre eux pour délit forestier (Isère).
Il devint ensuite une cimenterie. En effet, un industriel local, Louis VICAT, inventa en 1817 le ciment artificiel fabriqué à partir des marnes et du calcaire de la Chartreuse et du Vercors. Les roches, prélevées dans le cône du Manival, étaient acheminées par des bennes jusqu’au four.
Ce fut l’un des atouts de la région grenobloise et cette ressource fut même appelée l’or gris. Le ciment était certes connu depuis longtemps, le Pont du Gard en est l’exemple. Toutefois, son usage se limitait à un rôle de liaison entre les pierres. Ce nouveau matériau a été utilisé à Grenoble notamment pour la construction de la Tour Perret et de la Casamaures.
A partir d’extraits « Les monuments aux morts France Belgique»